Pour les ONG, cette livraison de bateaux est illégale au regard des engagements internationaux pris par la France.
Leur argumentation est la suivante. Premier point : même si ces embarcations sont fournies sans armement, elles sont considérées comme du matériel de guerre par la loi française, du seul fait qu'elles ont été conçues pour un usage militaire.
En les livrant, la France viole donc l'embargo onusien et européen sur le matériel militaire à destination de la Libye, estiment les ONG.
Deuxième point : la France a ratifié un traité sur le commerce des armes, qui lui impose de ne pas transférer de matériel militaire qui aurait pour conséquence de violer le droit international.
Or, soulignent les ONG, de nombreuses violations des droits humains à l'encontre des migrants ont été documentées en Libye, qu'elles soient commises en mer par certains garde-côtes ou à terre, dans les centres de détention.
Fournir ces bateaux reviendrait donc pour la France à se rendre complice de ces violations et à engager sa responsabilité « pour fait internationalement illicite », plaident ces organisations.
Le tribunal doit d'abord dire s'il valide ou rejette le recours en suspension de la livraison déposé devant lui, avant éventuellement de rendre un avis. Cette première phase devrait prendre moins de trois semaines. La délibération sur la légalité de la livraison pourrait, elle, durer des mois.