C’est un bâtiment public d’une grande importance nationale, réagit Mbolatiana Raveloarimisa, la fondatrice de Wake Up Madagascar. Or on ne sait pas qui a eu droit au marché public. On n’a pas non plus vu l’appel à manifestation d’intérêt public.
Quel est le montant de cette restauration ? Avec quel argent ? Les procédures ont-elles été respectées ? Autant de questions et un manque de transparence qui suscitent l’inquiétude la société civile.
Le Rova, ou Palais de la reine, est un fleuron de l’histoire de Madagascar et de la royauté merina, l’ethnie des hauts plateaux et de la capitale. Construit à l'origine en bois sur des plans établis par l’architecte Jean Laborde, selon la demande de la reine Ranavalona 1ère, il est un grand symbole de l’histoire du pays. Incendié en 1995, le palais n’avait pas été totalement réhabilité depuis.
Le liant de l'unité nationale ?
Le président de la République veut donc faire de ce projet de restauration le liant de l’unité nationale, selon ses termes. C’était en tout cas le sens de son allocution retransmise en direct sur tous les médias nationaux lors de la cérémonie.
Mais certains observateurs voient aussi une portée politique à ce geste à quelques semaines des législatives. Serait-ce un moyen pour Andry Rajoelina de séduire la haute bourgeoisie Merina, influente dans la région ? La restauration du Palais de la reine ne figurait pas parmi les promesses de campagne.
La ministre de la Communication et de la Culture, Lalatiana Andriatongarivo, a tenu à démentir les propos véhiculés par certains membres de la société civile. Dans son discours lors de la cérémonie officielle, elle a précisé « que le président prendra en charge les travaux de reconstruction du palais Besakana, le petit Palais tout en bois, à titre de contribution citoyenne, comme il a été sollicité à tous les Malgaches après l'incendie du Rova en 1995. Pour le Palais de la reine, il y aura un appel d'offres comme dans tous les marchés publics et toutes les procédures en la matière seront suivies en toute transparence. »
Plus de précisions ont été apportées dans son interview à la presse juste après la cérémonie : « le cahier des charges a été élaboré par le comité scientifique mis en place expressément dans le cadre du projet de finition de la reconstruction du Rova, a expliqué Mme Lalatiana Andriatongarivo. Les dossiers d'appel d'offres sont prêts, il reste juste à attendre l'ordonnance portant loi des finances rectificatives pour le lancer. »