L’attaque a été très rapide et osée. Vers 9h vendredi matin, alors que les deux médecins se rendaient à l’hôpital de référence de Mandera, leur voiture a été bloquée par deux véhicules en pleine ville. Des hommes armés en sont sortis. Ils ont abattu l’un des deux policiers qui escortaient les Cubains. L’autre a pu s’échapper.
Le commando a alors kidnappé les docteurs et s’est enfui, réussissant à traverser la frontière somalienne, a indiqué la police kényane lors d'une conférence de presse. Le chauffeur qui conduisait les médecins vers l'hôpital a été arrêté et interrogé.
L’armée kényane a été déployée pour les retrouver et travaille avec les agences de sécurité du gouvernement somalien pour poursuivre les assaillants en Somalie.
Mandera, à la frontière somalienne, est une région sensible. Les islamistes shebabs y sont très actifs et passent d’un pays à l’autre sans difficulté à cause d’une frontière très poreuse. Des dizaines de civils et d’agents de sécurité ont été tués au fil du temps. Un mur avait même commencé à être construit par les autorités en 2015, mais le chantier tourne au ralenti.
Anna Bruzzone, spécialiste de l’Afrique de l’Est et doctorante à l’université de Warwick, rappelle que le district de Mandera a souvent été la cible des shebabs.
Ces violences ont entraîné de fortes pertes économiques, la fermeture notamment de carrières, qui employaient beaucoup de locaux, ainsi que la fuite des enseignants et des médecins. Les deux praticiens enlevés faisaient partie d’un groupe de 110 professionnels cubains déployés dans tout le Kenya depuis juin dernier pour relancer les services de santé en zone rurale.