Les faits remontent aux années 1960. L'actuel président était directeur de la Sûreté nationale en 1962 puis ministre de l'Intérieur en 1965 sous le président Habib Bourguiba, le premier chef d'État à diriger la Tunisie après l’indépendance.
Le rapport décrit une répression particulièrement « sauvage » exercée sous la présidence Bourguiba. Parmi les victimes déclarées, Moncef El Materi, aujourd'hui âgé de 84 ans, emprisonné de 1962 à 1973 pour complot contre Bouguiba. Celui-ci a déclaré avoir été brutalement puni après s'être plaint devant Beji Caïd Essebsi de ses conditions abjectes de détentions. Selon l'IVD, le président actuel visitait alors la prison en tant que directeur de la Sûreté. Il aurait répliqué au prisonnier : « Tu es toujours têtu ! » Moncef El Materi a ensuite été attaché et privé de la visite de sa famille
Le rapport souligne que « les investigations effectuées par l'instance ont prouvé que la torture était systématique et planifiée par les hauts responsables des affaires sécuritaires ». Ces hauts responsables ont « ordonné, incité, accepté et se sont tus sur la torture des victimes durant l'exercice de leurs fonctions » à cette époque.
Selon la même source, les ministres de l'Intérieur de Bourguiba, dont Beji Caïd Essebsi, « étaient au courant que leur dirigeant avait commis des violations graves ». Et de conclure que ces ministres sont responsables pénalement, au regard du droit international, car « ils n'ont pas rempli le devoir qui leur incombe, en vertu des traités et conventions internationales, de protéger les détenus ».
Une copie de ce rapport sera remise ce jeudi 4 avril à l'ONU, à Genève.