Ahmed Gaïd Salah rappelle ce samedi 30 mars, à la suite d’une réunion sur « l’étude des développements de la situation politique prévalant dans notre pays », que la solution de la crise ne peut toujours selon l'armée « être envisagée qu'à travers l'activation des articles 7, 8 et 102 » de la Constitution algérienne.
Les articles 7 et 8, adjoints cette fois au 102, stipulent notamment que « le pouvoir constituant appartient au peuple » et que « le peuple se donne des institutions ayant pour […] la protection des libertés fondamentales du citoyen et l'épanouissement social et culturel de la Nation ».
Des « parties malintentionnées » se seraient rencontrées
Mais à qui s'adresse donc ce message ? C’est la question centrale, car, à en croire la deuxième partie du communiqué de l'armée, le chef d'état-major ne répond pas aux manifestants de ce vendredi, mais au contraire à des forces qui ont l'intention de « contourner les revendications légitimes du peuple », des « parties malintentionnées » qui « s'affairent à préparer un plan visant à porter atteinte à la crédibilité » de l’armée.
Plus précisément, une réunion aurait été organisée ce samedi 30 mars par « des individus connus dont l'identité sera dévoilée en temps opportun », sans plus de précision. Rencontre dont l'objectif aurait été de mener « une campagne médiatique virulente à travers les différents médias et sur les réseaux sociaux contre l’ANP » et de « faire accroire à l'opinion publique que le peuple algérien rejette l'application de l'article 102 de la Constitution ». Toutes propositions issues de ces réunions « suspectes » seraient « totalement inacceptables », conclut le communiqué du ministère.
Qui seraient les participants à cette réunion ?
Le parti d'opposition RCD évoque une rencontre entre l'ex-patron du renseignement et le frère du président Bouteflika. Plusieurs médias algériens font état de leur côté d'une réunion à laquelle aurait participé l'ancien président Zeroual.
Aucune certitude à ce stade, si ce n'est cet agacement manifeste de l'armée face à des forces qui ne vont pas dans son sens. Ce qui est sûr, c'est que l'armée s'adresse à l'appareil sécuritaire ou à l'entourage du président, estime un analyste algérien. Pour lui, si le chef d'Etat-major ressent le besoin de communiquer ainsi, c'est signe que la communication entre les clans concernés est aujourd'hui rompue. « On assiste là à deux clans qui se déchirent en direct, dans une grande confusion », confirme avec inquiétude un opposant.
L'armée assure en tout cas qu'elle fera face par tous les moyens légaux à toute initiative qui viserait à lui porter atteinte ou qui irait à l'encontre de la légalité constitutionnelle.