Le ton est posé. Les mots sont choisis. « Je suis entré en prison nu. J’en ressors l’esprit en paix », déclare pour commencer celui qu’on appelait autrefois le « général de la rue », et qui haranguait la foule de son estrade « de la Sorbonne » au Plateau.
Dix ou quinze ans après, Charles Blé Goudé se pose ici en avocat de la paix, du pardon et de la réconciliation : « Je n’encouragerai aucune tentation de vengeance ni aucune velléité de revanche. De fait, quel que soit ce que chacun d’entre nous aura vécu, nous devons apprendre à nous pardonner les uns les autres. »
« Mon engagement pour la paix et la réconciliation n’obéit à aucune démarche intéressée ni a aucune tactique politicienne », assure l’ancien codétenu de Laurent Gbagbo qui dresse ensuite ce constat : « Vous semblez à nouveau habités par la peur. Cette grande hantise qui accompagne, comme d’habitude, les processus électoraux ivoiriens semblent de retour. Est-ce une fatalité ? Non, absolument pas. Au Ghana voisin, l’organisation des élections est aujourd’hui un fait banal de la vie nationale. Nous devons travailler à doter notre pays d’institutions fortes et crédibles qui puissent traverser le temps et non des institutions assujetties aux intérêts du parti au pouvoir. »
Un discours rassembleur mais dans lequel il est difficile de ne pas voir de tonalité politique à 19 mois de la présidentielle. Lors d’une première adresse au début du mois destiné aux membres de la Coordination des jeunes patriotes (Cojep), le ton était différent. « Quand je reviens, et je vais revenir bientôt, nous allons continuer le combat. Ne doutez pas un seul instant de notre victoire », avait déclaré Charles Blé Goudé.