Ce sont les notables de Kidal qui ont décidé de donner de nouvelles attributions à la CMA lors d'une réunion avec les autorités. Depuis quelques temps, l'insécurité a augmenté, surtout la nuit, avec beaucoup de vols perpétrés par des personnes à motos. Les transporteurs entre l'Algérie et Gao, qui passent par Kidal, témoignent aussi de la dégradation de la sécurité.
Mais sur place, pas de police, ni de gendarmerie. Le sujet est toujours en discussion à Bamako et l'Etat est toujours absent, le problème a donc été confié à la CMA, qui administre la ville depuis 2014.
Cette décision n’est pas inédite, les autorités traditionnelles ont toujours régulé la vie de la population dans certains domaines. Mais cette fois, les règles de la CMA vont plus loin. Elle s'octroie des pouvoirs généralement réservés à l'Etat comme la gestion de la présence des étrangers. La vente et la consommation d'alcool est interdite et le Cadi, le juge islamique, voit ses pouvoirs renforcés alors que le Mali est laïque.
Derrière ces règles, une source officielle locale dénonce l'influence du GSIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lié à al-Qaïda.
« Pas de risque de voir appliquer la charia, la loi islamique, telle qu’elle l’a été en 2012, c'est à dire avec l'application du Had (sanctions corporelles suite à un délit pénal) qui avait cours lors de la prise du pouvoir par les djihadistes », estime toutefois la chercheure et doctorante Ferdaous Bouhlel qui connait bien la région. De fait la CMA est déjà aux commandes à Kidal et ces règles reflètent les coutumes locales. C'est finalement l'incapacité de l'Etat à assurer ses prérogatives de sécurité et de justice, ainsi que les retards accusés dans l'application de l'accord de paix, qui constitue aujourd'hui le problème de fond selon elle.