Tour à tour, mercredi, les chefs de groupes armés se sont levés pour signer l’accord. Moment solennel.
« Le premier effet de cet accord est la cessation de toute violence contre les civils », a déclaré le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra lors de la cérémonie mercredi à Bangui de signature d'un accord de paix avec 14 groupes armés qui contrôlent la majorité du territoire national. Le contenu de cet accord restait lui encore inconnu en fin d'après-midi.
L'accord avait été paraphé par les belligérants mardi à Khartoum, au Soudan, après une dizaine de jours de négociations initiées par l'Union africaine. Les chefs des deux principaux groupes, Ali Darassa pour l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) et Noureddine Adam, leader du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), n'ont pas assisté à la cérémonie de signature. Ils avaient en revanche paraphé le texte appelé « accord de Khartoum ».
« Moment historique »
« Ce jour est pour nous un moment historique qui consacre l’aboutissement de presque trois années d'efforts », a affirmé le président centrafricain, soulignant avoir « tendu la main à nos frères et nos sœurs des groupes armés ».
Le président Touadera a particulièrement insisté sur la nécessité de justice pour les victimes. « Sans attendre, nous allons nous atteler à la mise en place d’une commission inclusive qui sera le dispositif approprié pour offrir à nos compatriotes les instruments d’une justice qui promet la vérité, la réhabilitation des victimes et la réconciliation nationale, a-t-il assuré. Ses conclusions alimenteront le travail de la commission vérité, justice, réparation et réconciliation qui sera opérationnelle à la fin du premier trimestre 2019. »
Une notion de justice qui concerne les groupes armés et qui a été un point de discussion difficile à Khartoum, explique Souleiman Daouda, porte-parole et conseiller politique de l’UPC. « La question de justice est une question très sensible. C’est pour cela qu’on a pris autant de temps pour voir tous les contours. Parce qu’il y a la juridiction nationale, la juridiction internationale et il y a la société civile et les victimes qui posent certaines conditions. Donc nous on a vu tous ces contours pour trouver les mots justes, pour ne pas blesser la sensibilité des uns et des autres afin qu’on sorte de ces conflits », a-t-il précisé.
La question de l’amnistie ou de non-poursuite judiciaire n’a pas été évoquée mercredi. Le président a évoqué une « nouvelle gouvernance inclusive à tous les niveaux ».
Optimisme
A la sortie de la cérémonie de signature, l’optimisme prédominait. « C’est la paix qu’on a ramenée du Soudan, la concorde, l’unité nationale. Et la réconciliation nationale, elle est aujourd’hui effective. Et c’est à nous, les anciens groupes armés, le gouvernement, de propager cela sur toute l’étendue du territoire national. Il est aujourd’hui question d’honneur, d’honnêteté, de la responsabilité politique de faire respecter ces engagements à la lettre », a déclaré Igor Lamaka, porte-parole des anti-balaka de la branche Ngaïssona.
« Le véritable défi sera le suivi de cet accord », avait pour sa part estimé durant la cérémonie le président de la Commission de l'UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat. « Il ne faut pas qu’il soit un énième accord (sans suite) comme disent les cyniques » et « nous serons très regardants sur l’application effective de cet accord », avait-il ajouté. Cet accord de paix est le huitième depuis 2012, mais les sept précédents n'ont jamais été respectés.