Nadège Mboumba Ngoyo est l’une des nombreuses Gabonaises qui fabriquent le manioc consommé à Libreville. « Ici, vous êtes à la boulangerie de manioc, explique-t-elle en faisant visiter son atelier. C’est mon bureau. Si vous voyez qu’on a les bras croisés, c’est parce qu’on n’a pas le manioc. Ça fait deux mois qu’on n’a pas de manioc. »
Comme Nadège, beaucoup de Gabonaises sont quasiment au chômage. Tous les dépôts sont vides. « Le manioc ça vient du Cameroun, du Congo et de la Côte d’Ivoire. Chez moi, dans le Haut-Ogooué, il y a le manioc, mais il n’y a pas de route pour arriver ici. Il n’y a pas de camions », déplore-t-elle.
Un dépôt du PK11 a été ravitaillé la nuit. Au petit matin, c’est quasiment une scène d’émeute. La pénurie a provoqué une flambée des prix à tous les niveaux. Le bâton de manioc est passé de 250 à 400 FCFA.
La guerre dans les régions anglophones du Cameroun ainsi que l’implantation, au Gabon, d’un pont-bascule qui surfacture les cargaisons « auraient détourné les fournisseurs camerounais vers le Nigeria », explique-t-on.