Présidentielle en RDC: les observateurs peinent à obtenir leur accréditation

A cinq jours des scrutins en République démocratique du Congo (RDC), alors qu'officiellement, le dépôt des candidatures est terminé depuis le 14 décembre, des milliers d'observateurs attendent toujours de recevoir leurs badges. Malgré le nombre élevé, les organisations de la société civile dénoncent un véritable parcours du combattant pour s'accréditer, notamment en raison d'une désorganisation et d'un manque de communication de la Commission électorale (Céni) mais aussi de nouvelles contraintes. Les accréditations elles-mêmes, les badges, ne sont pas distribués partout.

La société civile avait dénoncé des retards dans la mise à disposition des formulaires d'accréditation en province et, dans les premières semaines, une certaine inflexibilité des différentes antennes de la Céni qui réclamaient des photos d'identité et des photocopies pour accréditer des observateurs, y compris dans les zones sans internet ou cybercafés. Mais aussi et pour la première fois, que tous les observateurs s'accréditent uniquement dans les centres de vote où eux-mêmes ont été enrôlés, ce qui n'est pas prévu par la loi.

Finalement, la Commission électorale a assoupli les règles tardivement et refusé de prolonger le délai de dépôt des dossiers. Une demande formulée notamment par la plateforme AETA qui espérait pouvoir accréditer 10 000 observateurs et qui n'a pas pu déposer que 4000 demandes. C'est aussi le résultat d'un manque de moyens. Presque toutes les missions nationales en souffrent, ce qui a nui à l'observation de long terme.

Gérard Bisambu, secrétaire exécutif de cette plateforme, s'étonne du nombre très élevé des observateurs annoncés par la Céni, au vu de toutes les difficultés et contraintes. Pour lui, une partie est des agents de partis politiques, qui ont créé de fausses associations pour pouvoir se présenter comme observateurs indépendants et perturber le travail ou brouiller le message des véritables observateurs indépendants.

« Selon les monitorings que nous avons eus à faire, il est à noter que beaucoup de partis et regroupements politiques, outre qu’ils ont fait accréditer des témoins, ont fait accréditer certains témoins sous forme d’observateurs. Ce qui est arrivé, c’est qu’il y a des partis politiques et regroupements qui ont créé des organisations, qui ont créé des associations, qui se présentent comme organisateurs de la société civile. Et là, il suffit qu’ils aient des documents. Du coup, ils ont droit à des accréditations. Ça, c’est un fait. Leurs agissements qui seraient contraires à celui des observateurs, qui doivent travailler de manière impartiale et non partisane, risqueraient de créer des problèmes, risqueraient de perturber le vote et de créer des tensions entre les observateurs et les agents électoraux. »

Combien de centres de vote ?

Même la mission d'observation de l'Eglise catholique, la plus importante du pays, dit avoir eu des difficultés pour assurer le monitoring du déploiement du matériel électoral et des formations des agents de la Céni. Ces problèmes financiers sont également renforcés également par les revirements de la Céni sur la cartographie électorale. On parlait il y a quelques mois encore de 20 000 centres de vote, c'est sur cette base que certaines missions ont fait leurs budgets. « Et il y en aurait presque 23 000 aujourd'hui, selon la dernière liste transmise », déplore un chef de mission.

Autre difficulté : cette démultiplication des structures, plus 75 000 bureaux de vote, ne permet à aucune mission nationale de couvrir à elle seule l'ensemble des sites. Ces missions de la société civile cherchent à se coordonner pour assurer une couverture la plus efficiente possible.

Officiellement, 270 000 observateurs, nationaux et internationaux, ont été accrédités, selon la Céni. Les deux principales missions d'observation de la société civile, celle de l'Eglise catholique et la Synergie des missions citoyennes d'observation électorale (Symocel), ont demandé des accréditations pour respectivement 40 000 et 20 000 observateurs. Les deux disent encore aujourd'hui attendre de recevoir les badges. Pour la Symocel, c'est le cas pour tout de même 20% des dossiers déposés.

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