Soudan: 8 morts dans des manifestations contre la hausse des prix

Des manifestations durent depuis quelques jours dans plusieurs villes du Soudan. La population proteste contre la hausse du prix du pain annoncée le 18 décembre par le gouvernement d’Omar el-Béchir. Au total, huit manifestants ont été tués lors d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Au Soudan, les manifestations ont débuté ce 19 décembre et se sont poursuivies le 21 décembre dans plusieurs villes du pays et dans la capitale, Khartoum. Dans les rues, les mots d’ordre appellent à la chute du régime d’Omar el-Béchir, le président au pouvoir depuis 1989.

Plusieurs sièges du Congrès National, le parti du chef d'Etat, ont été mis à feu. L’état d’urgence a été déclaré dans quatre villes de province et ce 21 décembre, l’armée a été déployée à Oumdourman, ville-jumelle de Khartoum. Plusieurs sources indiquent également qu’Internet aurait été coupé.

Inflation à 70%

Amnesty International condamne fermement les méthodes des forces de l’ordre, qui ont ouvert le feu sur des manifestants. «  C’est un moyen d’écraser le mouvement, et d’arrêter tous ceux qu’ils soupçonnent de mener les manifestations. Mais je ne crois pas qu’il y ait de leader. C’est juste une réaction spontanée du peuple contre la politique économique du gouvernement soudanais », assure Ahmed Elzobier, chercheur sur le Soudan pour l'association.

À travers l’agence de presse nationale Suna, un porte-parole du gouvernement assure que les marches ont été infiltrées par des agents subversifs qui ciblent les bâtiments publics et que le mouvement populaire est instrumentalisé par l’opposition.

Ce mouvement intervient surtout dans un contexte économique catastrophique avec une inflation qui frôle les 70% et aussi des pénuries de pain et d’essence. En janvier dernier déjà, les Soudanais étaient descendus dans la rue pour protester contre la hausse des prix des denrées alimentaires. Les manifestations avaient alors été rapidement matées par les autorités soudanaises.

Ahmed Elzobier rappelle quant à lui le mouvement de « septembre 2013 » contre la politique économique du gouvernement soudanais. « Amnesty et d’autres organisations avaient recensé environ 200 personnes tuées dans les rues de Khartoum. Mais ça ne s’était passé qu’à Khartoum, tandis qu’ici, c’est différent, presque toutes les régions sont concernées. C’est la première fois que le régime fait face à un tel mouvement à travers tout le pays », conclut-il.

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