Le premier documentaire sur la corruption est diffusé le 13 novembre. De nombreux protagonistes sont interviewés dans un exercice de transparence quasi inédit, selon beaucoup d'observateurs.
Sauf que cette enquête intervient un jour seulement après l'annonce officielle des arrestations par le ministre de la Justice. De quoi nourrir des soupçons, reconnaît Mohammed Ademo, rédacteur en chef de la télévision publique de l'Oromiyaa : « C'était juste comme une avalanche. Et cela laisse bien sûr présumer que les médias font le travail du bureau du procureur général. Je pense qu'on devrait juger sur les faits. Et les faits sont très clairs. Mais au final, le timing était un souci. »
Mohammed Ademo revient d'un exil de seize ans aux États-Unis. Il a étudié le journalisme à l'université de Columbia. Il a donc des attentes fortes : « Certaines habitudes meurent difficilement. Mais le premier jour lorsque j'ai réuni toutes les équipes, c'est 600 personnes, j'ai dit qu'il n'y aurait aucune interférence gouvernementale à partir d'aujourd'hui. Nous ne sommes pas la voix des pouvoirs publics, mais la voix du public. »
Quelques heures après cette interview, mardi, un autre documentaire était projeté, cette fois sur les violations présumées des droits humains. « C'est un changement rafraîchissant », commente Human Rights Watch. Mais l'organisation rappelle au passage qu'aucune charge n'est pour le moment retenue contre eux. L’Éthiopie d'Abiy Ahmed sera-t-elle capable d'organiser un procès équitable ? C'est tout l'enjeu de ces prochains mois en termes de justice et de réconciliation.