Les chiffres sont glaçants : l'association Haki Africa dénombre 43 exécutions extrajudiciaires et 31 disparitions sur la côte kényane cette année. Même chose dans les bidonvilles de la capitale Nairobi où le Centre pour la justice sociale de Mathare recensait 57 personnes tuées par la police entre 2016 et 2017. Sans compter les dizaines de cas de viols et d'assassinats dans les bastions de l'opposition lors des dernières élections présidentielles.
►Au Kenya, «la police a fait preuve d’une grande violence», selon HRW
La police kényane compterait ainsi parmi les pires d'Afrique, selon plusieurs organisations. Les victimes sont le plus souvent des Somalis soupçonnés de terrorisme ou de jeunes gens suspectés de faire partie de gangs.
Plan d'action collectif
Malgré l'existence de l'IPOA [Independent Policing Oversight Authority], la police des polices, rares sont les affaires qui débouchent sur des condamnations. Mais ce 7 décembre, le directeur des poursuites Noordin Haji a affirmé son engagement à lutter contre ce fléau. Et le 10 décembre, il a convié des ONG à discuter d'un plan d'action collectif.
« C'est un immense pas en avant, nous parlons enfin le même langage », se félicite Hussein Khalid, directeur de l'association Haki Africa. L'ONG va ainsi lancer un projet-pilote dans six comtés de la côte en partenariat avec le bureau des poursuites pénales. Le but est d'améliorer les relations entre la police et la population, et s'attaquer aux causes de la criminalité.