Ils chantent, dansent ou encore jouent la comédie. Les participants de Kakuma Got Talent rivalisent pour sortir du lot. Le rappeur soudanais Rudy Tutu voit le concours comme un tremplin. « Ça aide à ne pas être oubliés par le reste du monde. Il y a tellement de talent ici, mais personne ne le voit. C'est caché. Des gens meurent avec leur talent enfoui dans leur cœur. Beaucoup de participants rêvent de devenir des superstars. Mais il n'y a personne pour les sponsoriser. Si quelqu'un vient et sort des réfugiés d'ici, ils auront du succès, ils iront loin !»
Pour sortir du camp il faut une autorisation. Alors certains partent en cachette pour gagner un peu d'argent, comme Nur Bachir Ali, chanteur tanzanien réfugié depuis presque vingt ans. « Parfois je vais me produire à Nairobi ou Mombassa. Je me suis fait arrêter trois fois. J'ai dû payer 250 dollars. C'était tout l'argent gagné en concert. Si j'arrive à sortir d'ici ma vie sera meilleure parce que pour l'instant on est tous en prison...»
Beaucoup misent donc sur le concours Kakuma Got Talent pour être repérés. C'est ce qu'espère le rappeur Congolais Lissié Kachalé. « J'espère que Dieu va m'aider à l'emporter. Le jour où j'aurai un sponsor, tout ira bien. Je pourrai quitter le camp et ma vie sera meilleure. Si un sponsor me voit sur scène, il me prendra sous son aile et permettra à ma vie et à mon rap de partir d'ici. »
Parmi les 700 participants, moins d'une dizaine seront sélectionnés pour enregistrer leurs performances et qui sait, peut-être entamer une carrière.