C’est comme simple renseignant que l’inspecteur de la direction générale des Migrations a comparu devant le tribunal militaire. Comme son acolyte, José Tshibuabua, il n’est officiellement poursuivi que pour la mort des quatre accompagnateurs congolais des experts. Un autre dossier que l’auditorat militaire s’est toujours refusé à lier et qui, près de deux ans après les faits, n’a toujours pas fait l’objet d’un procès.
Thomas Nkashama est intéressant à plus d’un titre. D’abord, son arrestation n’avait jamais été officiellement annoncée: il était détenu depuis, au secret, à l’ANR, l’Agence nationale des renseignements. Quand Thomas Nkashama se présente aux experts la veille de leur mort, il est le seul à mentir sur son identité, il se présente comme Tom Perriello, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands Lacs.
Alors qu’un chef coutumier tente en langue locale de décourager Michael Sharp et Zaida Catalan de se rendre à Bunkonde, Thomas Nkashama les rassure en français. L’inspecteur Nkashama s’est présenté aux experts comme un parent de feu le défunt chef insurgé Kamuina Nsapu, c’est vrai mais, dans l’enregistrement de leur conversation, la veille de l’assassinat, Thomas Nkashama parle en lingala, avec son chef, « DP » pour directeur provincial.
Lui jure qu’il est devenu agent de l’Etat en juin 2017, bien après l’assassinat des experts. Son poste, il dit le devoir à Emmanuel Ramazani Shadary, ex-vice-Premier ministre de l'Intérieur et dauphin de Joseph Kabila. « C’était l’une des clauses de l’accord de paix signé entre la famille Kamuina Nsapu et le gouvernement », assure Thomas Nkashama.
Autre personnalité auditionnée comme simple témoin, l’ancienne ministre provinciale de la Santé, Innocente Bakenseka. Elle est l’une des cousines de Betu Tshintela, l’un des accompagnateurs congolais des experts. Cette dernière assure ne jamais avoir su qu’il était milicien, c’est ce que dit l’auditorat militaire. Selon l’enquête de RFI, Betu Tshintela était un ex-agent de l’ANR, membre d’un des partis au pouvoir.