C’est en mai 2016 que le Comité des droits de l’homme des Nations unies a été saisi par les avocats de Karim Wade. Quinze experts ont donc étudié ce dossier et rendu leur décision le 22 octobre dernier. Dans ce document de 14 pages, le Comité fait des constatations. Et note que le Sénégal « est tenu d’assurer à l’auteur un recours utile » ce que ne permet par la Cour de répression de l’enrichissement illicite qui a jugé et condamné Karim Wade. Le comité estime donc que « la déclaration de culpabilité et de condamnation contre l’auteur doit être réexaminée ».
C'est une victoire estime Me Seydou Diagne, l’avocat de Karim Wade : « C’est plus qu’un triomphe pour monsieur Wade. A la CREI, c’est connu l’appel n’est pas possible. Le Comité des Nations Unies a dit que ça, c’est inadmissible. Cette décision est une étape éclatante, mais nous continuons le travail pour d’autres victoires tout aussi éclatantes ».
Pas d'impact sur la justice
Pour le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, « le Comité n’a pas annulé la décision de la CREI », car « ce n’est pas une instance juridictionnelle, ses décisions sont dénuées de toute force obligatoire ». Et pour Me Bassirou Ngom, avocat de l’Etat sénégalais, cette décision n’a aucun impact sur la justice sénégalaise : « C’est fini, c’est plié parce que tout simplement toutes les procédures ont été suivies et toutes les procédures ont été respectées. L’ONU ne casse pas de décisions qui sont rendues pendant des juridictions nationales, ça n’existe pas en droit. Aucune institution ne peut remettre en cause cette décision ».
Pour les avocats de Karim Wade, le comité impose, au contraire, un « réexamen des faits ». Le camp du fils de l’ex-président s’appuie aussi sur ces constatations pour exiger l’annulation de sa radiation des listes électorales qui bloque sa candidature à la présidentielle. Le bras de fer politique est donc à nouveau relancé. Ses avocats pourraient s’appuyer sur les constatations du Comité des droits de l’homme pour engager une nouvelle procédure, notamment au niveau de la Cédéao. Le Comité des droits de l’homme souhaite, d’ici mai 2019, après l’élection qui se tiendra fin février, recevoir de l’Etat du Sénégal des renseignements sur ses constatations.