Il n’était plus revenu dans son pays depuis son geste symbolique effectué au moment de franchir en deuxième position la ligne d’arrivée du marathon des Jeux Olympiques de 2016 à Rio. Feyisa Lilesa avait croisé les poignets au-dessus de la tête, comme s'ils étaient ligotés, reprenant à son compte un geste utilisé dans les manifestations anti-gouvernementales dont l'Ethiopie était alors le théâtre. Le marathonien souhaitait protester contre la répression brutale des manifestants Oromos, la principale ethnie du pays.
Parti en exil en Arizona, aux Etats-Unis, Lilesa est donc revenu en Ethiopie, ce dimanche 21 octobre 2018, répondant ainsi favorablement à l’invitation de la Fédération éthiopienne d’athlétisme.
« Revenir à mes performances antérieures »
Lors d’une conférence de presse organisée dans un hôtel de la capitale Addis-Adeba, le sportif s’est dit « heureux d’être de retour » dans son pays qui est désormais dirigé par un Premier ministre issu de l'ethnie oromo. Depuis son arrivée au pouvoir en avril, Abiy Ahmed a pris une série de mesures visant à apaiser les tensions en Ethiopie. Il a notamment levé l'état d'urgence, libéré des prisonniers politiques et sorti le Front de Libération Oromo (OLF) de la liste des organisations terroristes. « Maintenant, les gens peuvent exprimer librement leurs opinions et condamner librement le gouvernement » a déclaré, enthousiaste, Feyisa Lilesa.
Souhaite-t-il maintenant s’engager en politique ?
« Je n'ai aucune ambition en politique, a-t-il conclu. Mon projet est de continuer à courir et de m'améliorer. Aux Etats-Unis, je n'avais pas de bonnes conditions d'entraînement. Je veux revenir à mes performances antérieures et j'ai bon espoir de réaliser de bons résultats pour mon pays et pour moi-même. »
Même s'il a dû annuler deux courses récemment pour préparer son retour, le médaillé olympique prévoit de participer au marathon de Dubaï, aux Emirats arabes unis, en janvier 2019.