Maroc: les «petites bonnes» ont désormais des droits sociaux

À partir d'aujourd’hui, les travailleuses domestiques du royaume ont leur statut dans le Code du travail. Un texte obtenu au terme de quinze ans de lutte par les associations des droits humains qui craignent pourtant une piètre application de cette nouvelle loi censée protéger juridiquement celle que l'on nomme « les petites bonnes ».

Un droit aux congés au bout de six mois de travail ; la moitié du smic mensuel marocain pour 48 heures hebdomadaire (environ 140 euros) maximum et des indemnités de licenciement. Les conditions ne font pas rêver mais elles constituent pourtant une avancée au Maroc pour celles que l'on affuble du surnom de « petites bonnes ».

Détail des tâches, signatures légalisées et déposées aux autorités communales : le contrat de travail est l’une des nouvelles dispositions de la loi 19-12 entrée en vigueur.

Une loi attendue depuis la promulgation du Code du travail en 2004. Pour Omar el-Kindy du Collectif pour l’éradication du travail des « petites bonnes », c’est une base juridique louable pour défendre les femmes d’une profession entourée par l’informel.

Toutefois, le texte comporte selon lui de nombreuses faiblesses : « Là où il pèche, et beaucoup, c'est que la couverture sociale qui est prévue ne sera pas mise en oeuvre en même temps que la loi parce qu'il y a un dysfonctionnement entre le ministère, la question sur la sécurité sociale, etc. Mais il y a un autre problème, c'est que la gestion du conflit est confiée à l'inspection du travail. Pour contrôler, il faut accéder aux maisons qui sont protégées par la loi. Comment une femme, qui généralement travaille à huis clos, qui mange, qui dort à la maison, puisse sortir porter plainte auprès de l'inspecteur et revenir avec une convocation ? »

Les associations déplorent surtout que la loi n'ait pas prévu immédiatement de mettre fin au travail des moins de 18 ans. Un délai de cinq ans est prévu par les textes pour interdire le travail des jeunes filles mineures, qui serait selon un décompte des associations datant de 2011, au nombre de 70 000 au Maroc.

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