A la gare d’Eseka, entre Douala et Yaoundé, le long des voies ferrées, quelques wagons sont encore couchés, abandonnés dans les herbes hautes. C’est là que, le 21 octobre 2016, un train de la Camrail, une filiale du groupe français Bolloré, déraillait. 79 personnes ont péri et 6 00 autres ont été blessées.
Bernard Litop se trouvait juste à côté de là quand quatre wagons se sont décrochés. Il les a vus tomber, a été l'un des premiers à porter secours aux victimes. « A chaque instant qu’on passe à la gare et qu’on voit ces wagons, ça revient toujours dans nos mémoires, ça ne pourra jamais s’effacer dans nos têtes », témoigne-t-il aujourd’hui. Lui qui a « vécu l’accident en direct » estime que la justice n’a « pas mal agi » en condamnant la Camrail, mais qu’elle aurait dû « aller plus loin que ça ».
Les peines sont-elles trop clémentes, les réparations sont-elles suffisantes ? Pour Joseph, « le principe d’une condamnation c’est déjà quelque chose », mais il croit « que c’est des condamnations à minima ». Il regrette « qu’on ne parle pas des réparations pour l’ensemble des familles », des réparations qui auraient pu « apaiser un peu ».
Samuel est en revanche satisfait : « Qu’on dise que Bolloré, une société française, est condamnée ici au Cameroun, c’est un précédent quand même, c’est bien. L’argent, les compensations, c’est autre chose. Mais, au moins, dans une décision de justice, la première chose c’est de te dire que tu étais coupable ».
Deux ans après le drame, Eseka attend toujours que soit érigée la stèle du souvenir. La première pierre n'a été posée que le 17 septembre dernier.