« Je pleure ! Je suis tellement heureuse ! Notre Constitution est forte ! Merci à la liberté d’expression ! Nous avons réussi ! ». Voilà comment Wanuri Kahiu a réagi en apprenant que son film était finalement autorisé. La réalisatrice de « Rafiki » avait porté plainte notamment pour pouvoir présenter son long métrage aux Oscars 2019. Or grâce à ce verdict, le film va pouvoir être diffusé sur les écrans kényans à partir de dimanche et jusqu’au 30 septembre. Soit sept jours de projection dans son pays d’origine. Un critère indispensable pour pouvoir s’inscrire au célèbre rendez-vous cinématographique américain.
Pour justifier sa décision, la juge a déclaré que ce n’était pas la première fois que l’homosexualité était traitée comme thème artistique. La magistrate a aussi estimé que les fondations morales de la société kényane n’allaient pas être ébranlées par ce film.
Le très conservateur directeur du Kenya Film Classification Board a aussitôt réagi. Selon Ezechiel Mutua, « ce serait une tragédie et une honte d’avoir des films sur l’homosexualité pour définir la culture kényane ». Il parle d’une « insulte pour ceux qui défendent la moralité ». Et il conclut par une image : « Cette tentative de normaliser l’homosexualité, c’est comme mettre de l’air conditionné en enfer ». Il n’empêche, selon l’équipe du film, des cinémas ont déjà prévu de diffuser « Rafiki » à partir de dimanche.