En dix mois, Rivo Rakotovao, 58 ans, est passé de ministre de l'Agriculture à président de la République par intérim. Une ascension qu'il doit à Hery Rajaonarimampianina. Depuis de longues années, il fait partie du premier cercle du désormais candidat à la présidentielle et ex-chef de l’Etat.
Conseiller technique lorsque Hery Rajaonarimampianina n'était alors que ministre des Finances, Rivo Rakotovao n'a depuis jamais quitté l'entourage de l'ex-président, étant tour à tour son conseiller spécial, ministre de l'Aménagement du territoire, ministre de l'Agriculture, sénateur et enfin président du Sénat. Il y a encore un mois et demi il était aussi le chef du parti présidentiel, le HVM.
Son élection à la présidence de la chambre haute fin octobre avait fait beaucoup de bruit. Son prédécesseur avait quitté la tête du Sénat sans donner de réelles explications. Pour de nombreux observateurs, celui-ci avait été poussé vers la sortie par les sénateurs de la majorité présidentielle dans le but de mettre Rivo Rakotovao à sa place. L'opposition avait alors dénoncé un calcul politique, arguant que Hery Rajoanarimampianina avait installé son homme de confiance à ce poste pour qu'il puisse assurer ses arrières après sa démission.
Président par intérim, Rivo Rakotovao ne dispose toutefois que d'un pouvoir restreint.
Une transition à risques
Fidèle lieutenant du président sortant et du parti présidentiel aura donc pour mission d'assurer la transition jusqu'à l'élection du 7 novembre.
« On ne sait pas grand chose de son parcours professionnel, explique Ketakandriana Rafitoson, politologue et directrice exécutive de Transparency international à Madagascar. On sait juste qu'il est Rotarien, membre du même club que l'ancien président Hery Rajaonarimampianina. Donc ils sortent tous d'une même "écurie", si l'on peut dire. »
La politologue se dit persuadée que « le président sortant téléguide encore ce qui va se passer dans les prochains mois en matière électorale ».
Rivo Rakotovao va en tout cas devoir jouer les équilibristes pour apaiser les esprits à deux mois du scrutin. La transition qui s'annonce n'est pas anodine, au contraire, selon elle.