Somaliens et Djiboutiens avaient à cœur de recoller les morceaux. Le président Farmajo devait notamment se faire pardonner pour avoir soutenu l'ennemi érythréen. « Contrairement à la tradition, il n'était même pas allé à Djibouti après son élection », indique Sonia Le Gouriellec, spécialiste de la Corne de l'Afrique.
Pour rajouter du poids dans la balance, Djibouti avait aussi rappelé à son voisin, le déploiement de soldats sur son territoire pour aider les Somaliens à combattre le terrorisme. Mais Djibouti ne pouvait pas non plus aggraver son isolement. En effet, le petit Etat côtier se trouve dans une situation complexe. La paix entre l’Erythrée et l’Ethiopie menace sa prospérité économique et l'utilisation de ses infrastructures portuaires.
Par ailleurs, les relations entre la Somalie et l’Erythrée ne cessent de se réchauffer. Le ministre érythréen des Affaires étrangères vient par exemple de passer trois jours à Mogadiscio. « Djibouti est à la traîne sur tous les dossiers », indique Sonia Le Gouriellec qui pointe une autre menace : celle des Emirats.
Djibouti connaît un violent bras de fer avec Dubaï, notamment depuis que le pays a expulsé l'entreprise émiratie DP World de son port de Doraleh.
« Beaucoup pensent que Dubaï veut faire sauter le régime djiboutien. L'affaire est devenue personnelle », explique Sonia Le Gouriellec. Les Emiratis gèrent désormais le port concurrent de Berbera, au Somaliland, ils veulent construire un oléoduc entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Bref, Djibouti s'affaiblit et ne pouvait pas s'offrir le luxe d'une brouille avec le voisin somalien.