Syndicalistes, représentants de petits partis politiques, société civile : ils se présentent comme « les déçus du 21 avril » (date à laquelle un mouvement contestataire avait embrasé la capitale au printemps dernier). Mais les forces de l'ordre leur en ont barré l'accès : « ordre du préfet ». C'est donc au pied des barrières de la célèbre place que les quelque 200 manifestants se sont exprimés face aux médias.
« Je ne suis pas quelqu'un de politique moi. Ce mouvement, c'est pas de la politique ! C'est un mouvement syndicaliste, pour lutter, pour changer tout ici à Madagascar. »
Pierrette Rasoanantenaina est professeur d'histoire-géo dans un lycée de la capitale. Elle fait partie des laissés-pour-compte des grandes manifestations d'avril dernier. Malgré cela, ses ambitions n'ont pas terni. « On va faire chuter d'abord les dirigeants à tout prix et par tous les moyens, pour empêcher les élections. On va changer toutes les structures à commencer par la Constitution ! »
Son syndicat a rejoint les partisans du « Mouvement pour la Refondation de Madagascar » (en malgache, le Hetsika ho an'ny Fanorenana Ifotony »), qui a vu le jour également en avril dernier. Une plateforme regroupant plus d'une centaine de petits partis politiques, convaincus que le système politique actuel, imposé par les anciens colons français, n'est plus compatible avec la société malgache actuelle. Pour Harison Razafindrakoto, secrétaire général du parti Avotra ho an'ny Firenena, membre de la plateforme, il faut repartir sur des bases démocratiques saines. Et reporter l'élection présidentielle.
« Vous savez bien que la crise du mois d'avril, c'est à cause de ce code électoral. Et maintenant, la communauté internationale et le régime veulent que l'élection soit libre, transparente et acceptée par tous ? Je vous demande : comment est-il possible d'avoir une élection acceptée par tous avec un cadre juridique contesté ? Est-ce que c'est logique ?! »
La question se pose, effectivement. Mais à trois mois de l'échéance, difficile d'imaginer un retournement de situation créé par ce « Mouvement pour la refondation » dont l'impréparation et le manque d'organisation étaient criants hier.
Les organisateurs ont d'ores et déjà donné rendez-vous aux manifestants vendredi à 10h, place du 13-Mai. Ils espèrent convaincre plus de monde de rallier le mouvement.