Devant les députés et les sénateurs, Joseph Kabila a commencé son discours avec une allusion à la mythique phrase prononcée par Mobutu en avril 1990, « comprenez mon émotion ». Ce jour-là, le président de ce qu'on appelait encore le Zaïre, en larmes, avait annoncé la fin du monopartisme et son départ de la présidence du Mouvement populaire de la révolution.
« Je sais pourquoi il y a cette tension dans la salle », a lancé d'emblée Joseph Kabila avant d'ajouter : « Comprenez ma passion pour le Congo ».
Par ailleurs, il n'a pas évoqué son avenir politique. Comme dans ses précédents discours, Kabila a affirmé que le cap vers les élections de décembre reste maintenu : « Notre engagement à respecter la Constitution demeure lui aussi non équivoque. »
Dans un discours que certains éditorialistes qualifient de souverainiste, Kabila a évoqué les sanctions occidentales qui frappent certains membres de son entourage. « Ni des pressions ou menaces inconsidérées, et encore moins des sanctions arbitraires et injustes qui nous détournerons de la voie que nous nous sommes pourtant tracée nous-mêmes, volontairement et librement. »
Pour éviter ce qu'il considère comme chantage, il a annoncé que désormais les élections seront entièrement financées par l'Etat congolais.
■ La déception du CLC
Le Comité laïc de coordination (CLC), lui, se dit totalement déçu par le discours du président Kabila : « C’est du déjà entendu ! Rien de nouveau, un bilan d’autosatisfaction qui contraste avec le quotidien du Congolais moyen, jette Jonas Tshiombela, porte-parole du CLC. Le chef de l’Etat, nous avons l’impression qu’il est déconnecté du vécu au quotidien de ses compatriotes. Il vient là de rater une bonne opportunité de faire baisser la tension. Nous attendions du chef de l’Etat fixer l’opinion sur son mandat, ce qui n’a pas été le cas. »
« La Constitution lui interdit d’être candidat aux prochaines élections, poursuit Jonas Tshiombela. Tous, nous le savons. Ses partisans sont en train de battre campagne pour sa candidature. Son silence sur cet aspect des choses, disant qu’il veut respecter la Constitution, [cela] nous inquiète. Et lui-même vient de le dire, il a la passion pour le Congo, cela sous-entend beaucoup de choses. Il veut continuer à diriger le Congo [et] ça, ça nous inquiète. Nous attendons du chef de l’Etat sur les mesures de décrispation des prisonniers politiques, des exilés politiques, la liberté de manifestation, la sécurité dans le Kasaï, la sécurité dans notre République. Le chef de l’Etat n’y a pas fait allusion. Donc nous sommes inquiets. »