« L'événement de ce jour est strictement religieux. Aucune prise de parole politique ne sera autorisée. » Malgré l'évidence, les organisateurs ecclésiastiques ont cru bon de rappeler cette règle pour éviter un nouvel imbroglio diplomatique. En avril dernier, lors de la béatification de Ramose Botovasoa à Vohipena, le président de la République s'était vu refuser le micro à la fin de la messe. Une humiliation.
Hier, donc, sur les trois terrains de foot du lycée privé Stella Maris de Tamatave, réquisitionnés pour l'occasion, les fidèles, tous rangs confondus, sont restés à leur place.
Dans son homélie, le cardinal Désiré Tsarahazana a enjoint la population à changer de mentalité de toute urgence. « La corruption qui gangrène notre pays risque de devenir notre culture », a-t-il prévenu. « Nous devons être solidaires, vaincre le mal par le bien. Nous n'avons aucun intérêt à faire souffrir nos semblables. ».
Des messages directement destinés aux politiciens présents, explique le père Didona, curé de la paroisse Saint-Jean à Tamatave. « Nous avons de grands espoirs dans notre cardinal », poursuit-il. « Nos administrations, nos institutions : tout va mal dans le pays. L'élite politique s'est endormie. Personne n'a encore jamais osé bousculer ces gens. Le cardinal pourrait être le "Ray aman-dreny", le sage, qui joue ce rôle. Il est le chef de l'Eglise catholique à Madagascar, il a le respect des hommes au pouvoir, du petit peuple, et même des non-croyants. »
Pour autant, le cardinal a déjà martelé la semaine passée que « l'Eglise catholique ne soutient et ne soutiendra pas de candidat » à l'élection présidentielle.