Il y a eu d'abord les factures gonflées de Kenya Power, la compagnie nationale d'électricité, puis le scandale du service national de la jeunesse accusé d'avoir détourné 90 millions de dollars, suivi par celui de la Kenya Pipeline Compagny, un milliard de dollars ; et dimanche, la Ketraco, 60 millions de dollars.
Pour John Githongo, célèbre activiste anti-corruption, ce n'est pas un hasard. Vu le rythme, l'ampleur et la précision de ces révélations, il est clair que ces scandales sont le résultat de fuites au sein du gouvernement, dit-il. L’ancien journaliste y voit une campagne calculée à des fins politiques.
La lutte contre la corruption se fait d'abord et avant tout sur le terrain de la perception du public, assure-t-il. Et en effet Uhuru Kenyatta a récemment déclaré une véritable guerre aux fonctionnaires corrompus, face à des Kényans de plus en plus sceptiques. Du côté des partisans du vice-président William Ruto, on dénonce une chasse aux sorcières. Les scandales dans le secteur de l'énergie touchent en effet des proches du numéro deux du gouvernement, qui vise la présidence en 2022.
Ce n'est en tout cas pas la première fois que le Kenya connaît des scandales à répétitions. Selon le chercheur Nic Cheeseman, ils permettent souvent de gagner du capital politique, d'accuser des ennemis ou encore de se faire bien voir de la communauté internationale, mais ne débouchent presque jamais sur des condamnations.