Les dépenses des 250 000 personnes de la zone s’élèvent à 56 millions de dollars par an. Le camp lui-même compte 2 000 entreprises, de la petite boutique à la société pesant plusieurs millions de dollars. Ces statistiques et bien d’autres sont pour la première fois compilées. Pour Michel Botzung, manager à la Société financière internationale, cela démontre un fort potentiel pour les investisseurs.
« Notre hypothèse, c’est que cela incitera un certain nombre d’acteurs – le secteur privé ici, au Kenya, est très dynamique – à considérer cette zone où ils ne sont pas présents aujourd’hui. Ce que nous avons voulu faire, c’est vraiment combler un des manques dans le marché, c’est-à-dire le niveau d’information nécessaire pour que ce type d’opérateurs considèrent à aller là-bas », a-t-il déclaré.
La province du Turkana est l’une des plus pauvres du Kenya. Pour son gouverneur, Josphat Nanok, l’arrivée d’investisseurs aura des bénéfices à la fois économiques et humains : « Nous recherchons d’abord à attirer des investisseurs kenyans, dans les domaines de la santé, des infrastructures et des services. Cela améliorera la croissance, l’emploi et aidera à combattre la pauvreté. Réfugiés et Kenyans se mélangeront, les Sud-Soudanais se sentiront davantage chez eux et les locaux verront qu’ils bénéficient tout autant de ces progrès. »
De son côté, Raouf Mazou, représentant du HCR au Kenya, y voit un intérêt humanitaire pour aider les réfugiés à devenir autonomes.
« Nous avons des situations de réfugiés qui durent de plus en plus longtemps. Kakuma existe depuis 27 ans ; il n’est pas possible d’imaginer que l’on fournisse une assistance humanitaire pendant 27 ans. On doit essayer de faire en sorte qu’ils puissent vivre de leurs revenus », a-t-il précisé.
Montrer le poids économique des réfugiés, un argument qui pourrait être utilisé à travers le monde lorsqu’un pays cherche à les expulser de son territoire.