La semaine dernière déjà, la famille de Carbone Beni avait tiré la sonnette d'alarme. L'état de santé du militant s'était considérablement dégradé. « La dernière fois qu'on l'a vu, expliquait alors son frère, il n'arrivait même pas à se tenir debout », se plaignant de douleurs « dans le ventre » et « aux genoux » et « de mauvais traitements ».
Carbone Beni a encore attendu cinq jours avant d'être hospitalisé puis transféré dans une clinique privée « par le service médical de l'Agence nationale de renseignement », explique la ministre congolaise des Droits humains. Marie-Ange Mushobekwa qui dit avoir elle-même suggéré ce transfert, après lui avoir rendu visite hier après-midi.
La ministre parle d'une procédure « irrégulière ». Quatre mois de détention sans explication ni accès à un avocat et assure avoir demandé aux « autorités compétentes » de présenter Carbone Beni « devant un juge » dès « la fin de son hospitalisation », afin déjà qu'on lui expose les motifs de son arrestation. Elle ne se prononce pas en revanche sur les accusations de torture.
L'avocat du mouvement Filimbi, lui, estime que l'Agence nationale de renseignement agit « en dehors de toute procédure légale ». Il réclame la libération pure et simple de Carbone Beni et de ses compagnons.
Carbone Beni et ses camarades, Grâce Tshionza, Cédric Kalonji, Mino Momponi et Palmer Kabeya ont été arrêtés l'an dernier alors qu'ils participaient à une campagne de sensibilisation en vue de la première marche pacifique organisée par les laïcs le 31 décembre. Selon le mouvement FIlimbi, parmi eux plusieurs ont actuellement besoin de soins.