Octavien Ngenzi et Tito Bara-Hira encourent la perpétuité, leur inquiétude est donc palpable, et à l'audience, la peur est même bien présente. Pour ce procès, ils ont changé d'avocat. Mais pour cette nouvelle défense, la tâche est immense.
D'abord, les jurés méconaissent le génocide rwandais. Ensuite, les avocats des deux bourgmestres craignent de ne pouvoir combattre à armes égales. « Le nombre de témoins que l'on peut faire entendre est très limité ; on ne peut pas se déplacer sur place, il n'y a que le juge d'instruction, le parquet et certaines parties civiles qui ont pu y aller ; il y a des moyens qui sont totalement inadaptés. Vous avez toute une pléidade de parties civiles et un parquet qui a des assistants spécialisés. Face à cela, vous avez une défense quasi-démunie », plaide Alexandra Bourgeot, conseil de Tito Bara-Hira.
Reste pour la défense à tenter d'instiller le doute sur les témoignages qui accablent les deux accusés ; de l'autre côté de la barre, on s'y prépare. « L'audience sera forcément perturbée mais ce sera un procédé habituel, classique. Pendant tout le procès, nous aurons des témoignages qui seront évidemment contestés par la défense », prévoit Michel Laval, avocat du Collectif des parties civiles pour le Rwanda.