Pour Muhammed, le fils de Solo Sandeng âgé de 21 ans, le 14 avril est toujours une journée pleine d’émotion. « J’ai toujours des sentiments partagés ce jour-là, confie-t-il. Je me sens triste, car c’est le jour où mon père m’a laissé à la maison, et je ne l’ai jamais revu. Mais je suis très content que les gens reconnaissent ce qu’il a fait, et qu’ils se souviennent de lui. »
Des enquêtes et un procès sont toujours en cours. Muhammed regrette que sa famille ait longtemps été mal informée sur les avancées de la justice : « La communication entre le gouvernement et notre famille a longtemps été un problème. Mais récemment on nous a donné quelques informations. Et on espère que désormais la justiceva avancer un peu plus vite. »
La députée de l’UDP, Fatoumata Jawara, faisait partie des manifestants arrêtés en 2016. Pour elle, cette commémoration dépasse le simple cadre de son parti. « Ce pour quoi on s’est battu, chaque Gambien peut en jouir aujourd’hui. Mais beaucoup ne le perçoivent pas comme une lutte gambienne, ils voient ça comme une affaire de l’UDP. C’est en tant que Gambiens qu’on s’est battus pour ces réformes électorales », insiste-t-elle.
L’activiste Banka Manneh espère pour sa part qu’un travail de mémoire sera bientôt effectué dans le pays. « Ils ont montré la voie à suivre pour les Gambiens, et grâce à eux, la Gambie a changé, pour toujours. On devrait donner leurs noms à des rues, on devrait construire des monuments en leur honneur. On doit tout faire pour garder leurs rêves, leurs aspirations, leur héritage en vie. Pour que les enfants nés aujourd’hui se souviennent », estime-t-il.
Quant au corps de Solo Sandeng, exhumé il y a un an, il se trouve toujours à la morgue, dans l’attente de résultats de tests ADN.