Moines de Tibéhirine: ce que l’on apprend dans le rapport d'experts

C’est une nouvelle étape dans l'enquête sur la mort des 7 moines de Tibéhirine,  ces religieux dont la mort a été revendiquée par un  groupe terroriste, le GIA, dont on a retrouvé les têtes le 30 mai 1996, mais jamais les corps. Les huit experts qui se sont penchés sur les prélèvements effectués sur les dépouilles -en octobre 2014 et transférés en juin 2016 à la justice française - ont rendu leur rapport mi-mars au juge français chargé du dossier. Ce rapport de 185 pages vient d'être consulté par les avocats des familles. Il n'apporte pas de nouvelle vérité, mais il confirme et précise dans les détails certaines informations clés qu'un rapport préliminaire uniquement basé sur des photos et des observations avaient déjà permis de révéler il y a deux ans.

Le rapport des experts confirme une donnée fondamentale : les 7 crânes présentés comme ceux des moines sont bien les leurs. Grâce aux analyses génétiques, le doute qui restait sur  l'une des têtes a donc été levé.

Autre information importante, aucune particule métallique qui attesterait de traces de balles n'a été retrouvée, ce qui tend à écarter l'hypothèse d'une bavure algérienne par des tirs d'hélicoptères.

Autre confirmation, des lésions d'égorgements ont été retrouvées sur deux têtes, et des signes sur les 5 autres. Les prélèvements permettent aussi sans ambiguïté de dire que les religieux ont été décapités après leur mort.

Le dernier point central est celui de la datation : la version officielle indique que les têtes ont été découvertes le 30 mai, mais que la mort revendiquée par un communiqué attribuée au GIA remonterait au 21 mai. Cette version est mise à mal par les experts qui font remonter la mort à fin avril.

Si le rapport des  scientifiques ne permet pas de savoir qui a tué les moines, elle écarte certaines hypothèses et alimente aux yeux des avocats des familles  un peu plus les soupçons déjà présents qui vont dans le sens d'une mise en scène, ou d'un montage avec la très probable complicité de l'armée ou des services algériens.

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