Ethiopie: la complexe tâche du futur Premier ministre Abiy Ahmed

L’Éthiopie devrait avoir un nouveau Premier ministre dans les prochains jours. La coalition au pouvoir depuis près de 27 ans a désigné mardi 27 mars Abiy Ahmed à sa tête. Traditionnellement, le chef de la coalition est ensuite approuvé par le Parlement en tant que chef de gouvernement. Cette nomination est une grande première pour un Oromo, l'ethnie majoritaire mais écartée des plus hautes fonctions dans l'histoire moderne du pays. Elle suscite de l'espoir parmi ceux qui souhaitent une plus grande ouverture du régime d'Addis-Abeba. Mais Abiy Ahmed en aura-t-il les moyens et la volonté ?

Abiy Ahmed semble avoir réussi à agréger autour de lui des courants réformistes de la coalition EPRDF. Lui-même est vu comme l'une des étoiles montantes de son parti, l'OPDO, dont il a pris la présidence il y a seulement quelques semaines en prévision, justement, de la désignation d'un nouveau Premier ministre.

Il est jeune, un tout petit peu plus de quarante ans, est passé par plusieurs universités en Éthiopie, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il y a étudié la gestion du changement, et les questions de paix et sécurité. Voilà qui devrait lui fournir des outils pour s'atteler à la lourde tâche de faire bouger la coalition de l'intérieur et d'apaiser les relations, notamment ethniques, dans le pays.

Pour autant, en a-t-il l'envie ? Certains analystes rappellent son passé de lieutenant-colonel dans l'armée et sa carrière au sein de l'agence nationale du renseignement informatique, qu'il a contribué à fonder.

Mais pas de quoi faire douter les militants d'opposition oromo, enthousiastes ce matin sur les réseaux sociaux. Pour ne pas les décevoir, la tâche de ce chrétien protestant, de père oromo musulman et de mère amhara orthodoxe, s'annonce tout de même compliquée.

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