Si les forces de l’ordre sont pointées du doigt dans ces assassinats, un porte-parole du parquet de Conakry affirme qu’un suspect a été mis aux arrêts et qu’il pourrait être utile pour la connaître la vérité. « Il a été présenté au juge d’instruction en charge de la procédure qui l’a régulièrement placé sous mandat de dépôt le 2 mars 2018 », a dit Sidy Souleymane Ndiaye. « Il ressort des renseignements reçus que Boubacar Diallo, dit "Grenade", a reconnu qu’au cours des manifestations certains individus ont disposé de projectiles et des armes à feu comme les PMAK qui ont été utilisées contre la foule faisant des victimes, aussi bien parmi les manifestants que dans les rangs des forces de l’ordre. »
Le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo trouve que cet argument est « bizarre » puisque pour lui les assassinats sont carrément ciblés. « C’est facile de dire "les manifestants sont armés". Ce qu’on note, c’est que tous ceux qui ont été assassinés sont issus des rangs des partis d’opposition. On a jamais enregistré heureusement la mort d’un membre du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée, au pouvoir) lors de ces manifestations, c’est toujours les mêmes, les militants de l’opposition. »
« Alors, on a tendance parfois à dire qu’ils sont armés. Mais pourquoi ils ne tueraient pas un policier, un gendarme avec une arme à feu. Parce que le dernier gendarme qui est mort est mort à la suite d’une pierre reçue sur sa tête et non d’une arme à feu, c’est établi », argumente encore Cellou Dalein Diallo.
En attendant, ce sont 93 jeunes Guinéens qui ont perdu la vie dans des manifestations politiques depuis avril 2011.