Officiellement, l'Etat n'a toujours pas commenté l'information. Les associations de victimes non plus. La décision du Conseil constitutionnel français pourrait concerner beaucoup de monde. Aboubaker, 78 ans, a perdu tous ses oncles pendant la guerre d'indépendance. « Ils vont peut-être donner des retraites aux veuves, celles qui sont vivantes… » dit-il. Mais à la question : « Est-ce que vous pensez que vos tantes attendent une indemnisation ? » il assène : « Elles sont toutes mortes ».
Mohand, bientôt 70 ans, vient d'un village de la région de Tizi Ouzou. Là-bas, il reste, selon lui, des personnes susceptibles d'être indemnisées, mais elles sont très âgées. « La majorité des personnes sont décédées, il en reste, mais qui va leur faire les démarches ? Qui va se déplacer au village ? Qui va se donner cette peine, s’ils n’ont pas des parents, des petits enfants qui vont faire des démarches pour eux ? Administrativement, c’est un peu compliqué. »
Au-delà des difficultés d'application de cette décision, le vieil homme souligne : « C'est tout à l'honneur de la France de reconnaître que cette guerre a fait des victimes civiles. »