Un mois. C’est le temps qu’a mis Ahmat Mahamat Bachir pour revenir au gouvernement. Fin décembre, alors qu’il quittait l’équipe gouvernementale, celui que les médias ont surnommé «super flic» à cause de sa longévité au ministère de la Sécurité, présentait des signes de fatigue.
Pour les analystes, c’est la situation sociale qui a commandé son retour au gouvernement, alors que le pouvoir a été secoué cette semaine par une grève des transporteurs contre l’augmentation du prix du carburant et par un appel à des marches pacifiques de la société civile. De marches faiblement suivies, mais qui n’ont pas moins inquiété les milieux du pouvoir.
Le gouvernement, qui s’apprête à faire face à une grosse colère des travailleurs la semaine prochaine – les salaires virés ce vendredi ayant encore subi des coupes –, a jugé bon de revoir son attelage en remplaçant à la Fonction publique Mahamat Allahou Taher par Abderamane Mouctar Mahamat et, à la Sécurité publique, le conciliant Mr Ahmadaye Abdelkerim Bokit par un homme à poigne, Ahmat Mahamat Bachir donc.
Fatalisme du côté des syndicats
Pour Gounou Vaima, le secrétaire général de l’Union des syndicats du Tchad, la nomination d'un nouveau ministre de la Fonction publique ne changera pas grand-chose. « Il faut que nos dirigeants abandonnent leur politique actuelle, de ne pas faire un effort de redressement de la situation économique. Pour faire face à [la crise économique], il faut que les recettes rentrent».
Selon Gounou Vaima, le gouvernement dit qu’il veut maîtriser les recettes mais c'est de l'affichage, « il ne les maîtrisera jamais ! Parce que ce sont des intouchables qui sont tout autour de ces recettes. Et même s’ils pillent, on ne les emprisonne pas. Les proches du président ne vont jamais en prison s’ils volent, même. Il n’y a pas de solution ! »
Et il n'attend pas grand chose de la nomination d'un nouveau ministre de la Fonction publique. « Non ! Mais, rien du tout ! Il ne sera même pas écouté, ses points de vue ne seront même pas considérés ! La logique du gouvernement, c'est de faire piller les travailleurs. Eux, ils pillent et nous, nous payons ».