La dernière fois que le gouvernement fédéral nigérian s'est penché sur la question des réserves de pâturage, c'était en 1965. Depuis, plus rien, à l'image de tout un secteur laissé à l’abandon.
« Avec le boom pétrolier des années 1970, le gouvernement nigérian n'a rien investi dans le secteur pastoral, et ce depuis des décennies. Du coup, les infrastructures nécessaires au bon fonctionnement du secteur n'existent pas. Quant aux routes de transhumance, elles sont bloquées. Elles étaient censées être protégées par le gouvernement et les autorités locales mais la plupart du temps, elles sont cultivées par des fermiers ou habitées. Cela rend la mobilité des éleveurs très compliquée. Les incursions dans les champs sont plus fréquentes et les cultures sont détruites par le bétail, ce qui entraine des conflits », explique Adam Higazi, chercheur associé à l'université d'Amsterdam et l'université fédérale de Yola.
Des conflits qui se terminent le plus souvent dans un bain de sang sans que jamais personne ne soit traduit en justice.
« Dans le passé, les chefs coutumiers avaient beaucoup de pouvoir et c’était eux qui intervenaient, chaque fois qu'il y avait un contentieux entre un fermier et un éleveur. Petit à petit, ces chefs coutumiers ont perdu leur pouvoir mais on n'a pas trouvé d’alternative, sauf la police », a pour sa part souligné le professeur Jibrin Ibrahim, membre du groupe de travail sur la paix et la gouvernance et signataire d’une adresse au président Muhammadu Buhari.
Sans volonté du gouvernement fédéral, les observateurs craignent une multiplication de lois interdisant aux éleveurs de faire paître leur bétail, comme l'ont déjà envisagé quatre des trente-six Etats de la Fédération.