Installée en bord de route, c’est une épicerie de quartier comme tant d’autres. A l’intérieur, une vitrine avec de la viande fraîche. Derrière des étagères remplies de conserves : tomates, thon, piment, mais aussi des paquets de pâtes et de riz. Depuis janvier, les clients se font attendre.
Faouz est le propriétaire des lieux : « Le kilo d’escalope avant le 1er janvier était à 10 dinars, le 1er janvier il est passé à 12 dinars, raconte-t-il. Deux dinars en deux jours, c’est beaucoup. Les tomates sont passées de 2,4 dinars à 2,7 dinars. Tous les prix ont augmenté. »
Une vieille femme, voile blanc traditionnel, entre justement dans la boutique. Elle se renseigne sur le prix du foie de poulet, mais renonce à en acheter. « Le kilo de foie de poulet, de 7 dinars il a augmenté à 11 dinars », indique l’épicier.
« C’est difficile, très difficile. La vie est chère, les prix ont augmenté. Qu’est-ce que je peux faire ? J’achète en fonction de ce que j’ai. Donnez-moi pour 1 dinar de fromage », dit la cliente.
Six portions de Vache qui rit pour 30 centimes d’euros, voilà ce que cette femme aura acheté aujourd’hui.
Dans ce quartier populaire, à 15 km à peine de la capitale, la pauvreté est partout. De la chaussée en mauvais état aux terrasses de café remplies de jeunes qui ne prennent même plus la peine de commander un café.
Un passant confirme : « Ici, c’est la zone industrielle. Toutes les usines ont fermé. Certaines qui travaillaient avec plus de 350 personnes, par peur des violences et du vol, sont parties s’installer au Maroc ou en Algérie, parce qu’au Maroc c’est calme, ce n’est pas comme en Tunisie. »
Pendant cinq jours, chaque nuit des pneus ont brûlé. Entre temps le calme est revenu, mais lafrustration et la colèresont toujours là, en sourdine.
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