Un anniversaire et une manifestation sur fond de grogne sociale. « Le peuple veut faire tomber la loi des finances », voilà la phrase qui revient comme un refrain sur l’avenue principale de Tunis. Une référence directe à l’un des principaux slogans de la révolution de 2011 : « Le peuple veut faire tomber le régime. »
Cette phrase donne la mesure de l’insatisfaction des Tunisiens aujourd’hui car malgré le ciel bleu et la multitude de drapeaux qui décorent l’avenue Bourguiba, les Tunisiens n’ont pas le cœur à la fête, loin de là.
« Rien ne va, notre quotidien s’est dégradé. En 2011, nous avons fait une révolution pour demander le travail, la liberté et la dignité. Aujourd’hui, nous n’avons rien, à part la liberté de nous exprimer », disait un instituteur ce matin à RFI.
« Le panier est vide et la coupe est pleine »
Dans le collimateur, cette fameuse loi des finances qui a fait déborder le vase. Elle impose une augmentation de la TVA sur des produits de base, mais aussi une augmentation des impôts. Bref, une rigueur à laquelle les Tunisiens disent ne pas pouvoir faire face alors que les prix ont grimpé ces derniers mois déjà et que le taux de chômage culmine à près de 30% chez les jeunes.
« La démocratie politique ne suffit pas. Le panier est vide, mais la coupe est pleine », résumait un manifestant avant de menacer : « Si on ne peut pas payer le pain, on ira le demander de force. »
L'UGTT monte sur le pont
La puissante centrale syndicale, l’UGTT, fait partie des organisations qui ont appelé à ce rassemblement. Très discrète jusqu'à présent, elle s’est exprimée sur la contestation sociale qui secoue le pays depuis une semaine. Noureddine Tabboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a répondu ce matin aux questions de RFI sur ce qu’il pensait des manifestations de cette semaine : « La Tunisie est un pays démocratique et cette démocratie ne peut vivre que s’il y a un débat contradictoire ». Mais il a insisté : « Les revendications doivent respecter les règles démocratiques. »
Le secrétaire général de l’UGTT s’est par ailleurs félicité des mesures sociales annoncées par le gouvernement pour tenter de calmer le mécontentement populaire : « Cela faisait partie de nos revendications. Notre objectif est d’améliorer le pouvoir d’achat des Tunisiens pour compenser les augmentations de taxe prévues cette année », a-t-il encore expliqué.