Jeudi dernier, le Soudan avait rappelé en urgence son ambassadeur au Caire. Khartoum disait que c'était en signe de protestation contre l'ingérence égyptienne dans les affaires intérieures soudanaises et le ministre des Affaires étrangères égyptien a fini par reconnaître que cette nouvelle détérioration des relations est dûe au triangle frontalier.
Alors que c'est le Soudan qui a l'habitude de saisir l'ONU de manière systématique pour réclamer son autorité sur ce triangle, c'est le Caire qui menace aujourd'hui d'aller devant le Conseil de sécurité. Les provocations se multiplient des deux côtés.
Multiplication des gestes d'hostilité
Le Caire construit une centaine de bâtiments à Halayeb, diffuse sur sa chaîne nationale des programmes en direct de cette région et le ministre des Affaires religieuses fait son discours du vendredi de la mosquée de l'île Suwaken.
De son côté le Soudan annonce qu'il ne reconnaîtra plus l'accord de démarcation des frontières signé en 2016 en Arabie Saoudite, accord qui maintient le statu quo sur ce triangle. Il fait allusion à son possible retrait de l'accord dit de «quatres libertés», qui permet la libre circulation et le droit de possessions aux citoyens des deux pays.
Et l'on comprend enfin les raisons réelles de la fermeture des frontières soudanaises avec l'Erythrée et la déclaration de l'état d'urgence dans cette région, calme d'habitude. Omar el-Béchir craint un coup d'Etat. Selon Khartoum, l'Egypte encouragerait une mobilisation militaire en Erythrée à la frontière du Soudan. Frontière où des rebelles Darfouri ont été également remarqués.