Mercredi midi, Befeqadu s’apprête à aller manger quand il apprend la nouvelle : « J'ai dû me forcer pour ne pas pleurer. Cette décision est sortie de nulle part. Je ne savais pas comment me sentir. J'étais excité, confus, méfiant, mais quoi qu'il en soit j'ai bien accueilli la nouvelle ».
Le blogueur et défenseur des droits humains est justement en train de suivre un procès politique. Selon lui, 38 personnes dont il n’oubliera jamais la réaction en entendant la rumeur d’amnistie.
Il y a quelques mois encore, l’Ethiopien de 37 ans était à leur place. Il a fait trois séjours en prison, 544 jours en tout, dont 84 à Maekelawi : « J'ai été battu, fouetté sur mes pieds nus. J'ai été frappé, insulté, giflé presque chaque jour. On m'a forcé à signer une confession où je m'accusais moi-même ».
L’annonce d’une fermeture prochaine est une bonne nouvelle, mais : « Simplement, il y a une probabilité que cela soit transféré dans un autre endroit. Bon, nous détestons Maekelawi, donc nous serions heureux de la voir transformer en musée. Mais nous ne voulons pas que la torture continue dans d'autres endroits. C'est ce qui nous a perturbés dans la manière dont on a réagi à l'annonce ».
Concernant la libération de prisonniers qu’il considère comme politiques, des questions demeurent : « Quels sont les critères pour sélectionner tel prisonnier politique plutôt qu'un autre ? »