Jusqu'ici, Agathon Rwasa s'était montré plutôt discret malgré les épreuves.
Interdiction de rencontrer ses militants, des centaines de partisans en prison pour « atteinte à la sûreté de l'Etat », les relations ont toujours été tendues avec le pouvoir du président Pierre Nkurunziza.
Mais les derniers épisodes de la vie politique burundaise ont obligé Agathon Rwasa à sortir du bois, ce qui explique sans doute le coup de sang gouvernemental.
Il y a d'abord eu la dernière session du dialogue interburundais de sortie de crise il y a un peu plus d'un mois, et qui s'est soldée par un échec. Le pouvoir burundais en veut énormément à Agathon Rwasa d'être alors totalement opposé à ses positions, d'autant qu'Agathon Rwasa y est clairement apparu comme le leader de son opposition interne, en l'absence de l'opposition en exil, qui n'était pas invitée.
Et à peine de retour à Bujumbura, le leader historique des ex-rebelles hutus des FNL a annoncé officiellement son opposition farouche à une révision de la Constitution qui doit permettre notamment à Nkurunziza, de rester au pouvoir jusqu'en 2034.
Depuis, une trentaine de ses militants accusés d'avoir fait campagne pour le « non » lors d'un référendum constitutionnel prévu en mai ont été arrêtés.
Aujourd'hui, le pouvoir a voulu lui lancer un avertissement en lui retirant sa garde militaire en qui il avait confiance. Un haut cadre burundais estime que Agathon Rwasa doit désormais faire clairement son choix. « On ne peut pas être à la fois au gouvernement et dans l'opposition », prévient celui-ci.