Au début du mois, le Comité laïc de coordination (CLC) a d’abord lancé un ultimatum au chef de l’Etat, lui demandant de dire clairement avant le 15 décembre qu’il ne serait pas candidat à sa succession. Ultimatum ignoré. Le CLC a alors mis sa menace à exécution.
Rapidement, leur appel à suscité des ralliements - mouvements citoyens, collectifs d’ONG, société civile, et la quasi-totalité de l’opposition - dans l’espoir que, comme en 1992 lors de la marche des chrétiens contre Mobutu restée dans les esprits, le Comité laïc, et en filigrane derrière lui l’Eglise catholique, parviendrait à mobiliser là où récemment le Rassemblement de l’opposition a échoué.
Police et armée déployées, Internet coupé
Samedi soir, dès la tombée de la nuit, la police et l’armée étaient déployées en nombre dans la capitale, le chef de la police de Kinshasa expliquant avoir reçu des renseignements sur des hommes armés qui auraient été recrutés pour venir « tirer sur la population » et imputer cela à la police.
Dans la foulée, les communications internet et SMS étaient coupées pour raison de sécurité d’Etat à la demande des autorités et jusqu’à nouvel ordre.
Marche interdite à Kinshasa
Le gouvernement s'est réuni samedi lors d'un conseil extraordinaire. Dans son compte rendu, il indique que les organisateurs de la marche prévue ce samedi auraient « recruté des bandes de casseurs (...) auxquels des armes de guerre auraient été distribuées (...) afin de créer une situation insurrectionnelle qui leur permettrait de capturer le pouvoir par des voies non démocratiques ». Les autorités préviennent les organisateurs de la marche qu'ils seront tenus pour responsables en cas de casse ou de débordement. La marche a été interdite par les autorités de la ville de Kinshasa.
De leur côté, les laïcs continuaient d’insister sur le caractère pacifique de leur marche, et disaient tout faire pour éviter des infiltrations qui seraient organisées, selon eux, pour discréditer leur action.
Le CLC demande aux Congolais de se munir uniquement de chapelets, bibles et crucifix, et de ne pas affronter les forces de l'ordre ni forcer aucun barrage, et de veiller à sortir de la manifestation ceux qui tenteraient de discréditer leur mouvement par la violence.
De son côté, la Monusco exhorte une nouvelle fois les autorités congolaises à « respecter la liberté de manifestation », surtout en cette période préélectorale, et conformément aux engagements pris par le gouvernement il y a un an lors de la signature de l'accord de la Saint-Sylvestre. La mission de l'ONU en RDC rappelle également aux citoyens que le droit de manifester implique de s'abstenir de recourir à la violence sous toutes ses formes.