Parmi ces nouveaux prévenus, il y a Christian Muké, éditeur pour le groupe de presse Rafiki, Jean-Paul Ngahongondi, défenseur des droits de l'homme et un certain monsieur Esai. Tous les trois sont actuellement en fuite, ils n'ont pas répondu aux dernières convocations de la cour militaire qui disait vouloir les entendre comme « renseignants », de peur, comme Thembo Kalimuli il y a trois semaines, d'être placés en détention l'issue de leur audition.
Mais leur fuite n'a pas suffi à les épargner. « Puisqu'ils ne se sont pas expliqués, nous avons engagé une procédure par défaut », explique le général-major Timothée Mukunto, premier avocat général des FARDC auprès de la Cour militaire.
Que leur est-il reproché ? D'avoir porté « publiquement, à l'oral ou à l'écrit des accusations » contre des hauts gradés de l'armée, « sans apporter les preuves nécessaires », assure le général. « Des choses très graves » à ses yeux car « de nature à entrainer la méfiance des soldats vis-à-vis de leurs officiers ».
Le rôle de hauts gradés de l'armée dans les massacres de Beni, et notamment du général Mundos, a pourtant été documenté dans plusieurs rapports internationaux onusiens ou indépendants. Parmi les trois nouveaux prévenus, deux ont d'ailleurs contribué par leurs recherches à l'un de ces rapports. Celui du GEC, le groupe d'expert sur le Congo, dont l'auteur, l'américain Jason Stearns a été expulsé de RDC en avril 2016.
De son côté, Jason Stearns, le directeur du GEC, se dit « profondément préoccupé » par les accusations portées contre deux de ses chercheurs. Il déplore le fait que le fond des accusations portées contre eux ne soit « pas clair » et encourage « le système judiciaire congolais à se concentrer sur la recherche des auteurs de ces massacres odieux et à ne pas réprimer la recherche indépendante ». La prochaine audience dans ce dossier est prévue mardi 26 décembre.