Alors qu'il enquêtait sur l'assassinat de deux experts censés remettre une liste de noms de personnalités à sanctionner, le comité d'enquête de l'ONU avait « noté avec inquiétude » la colère des autorités congolaises sur la question des sanctions. Une colère qui, recommandait-il, devrait être « reconnue et gérée ». La « sensibilité relative aux sanctions » était même l'un des titres de ce rapport.
« Le comité croit qu'il n'y a pas une prise de conscience suffisante du système onusien et des experts eux-mêmes du risque accru dans leur travail dû à ces tensions ». Mais dans le même rapport, le comité estimait aussi qu'il n'existe pas « de preuves d'une intentionnalité ou d'un mobile » pour des individus ou des organisations liées au gouvernement.
Le comité d'enquête reconnaissait avoir entendu des « théories sur un complot gouvernemental », théories relayées par des sources onusiennes comme civiles. Il en fait d'ailleurs un paragraphe, qu'il introduit en parlant de personnes affectées par la mort des experts. Il cite rapidement ces informations : l'utilisation de langues étrangères au Kasaï par les assassins, de contacts téléphoniques suspects entre différents officiels et Michael Sharp et Zaida Caalan.
Mais cette version qu'il appelle « alternative », ces « théories du complot » ne sont pas plus développées dans le rapport car selon le comité, il n'y a donc pas de preuves d'une intention ou d'un mobile pour ces agents d'Etat. « Mais une absence de preuves n'exclut pas la possibilité que d'autres soient impliqués », avait effectivement conclu le comité sans plus d'explications.