C’était attendu, la victoire de Cyril Ramaphosa est loin d’être écrasante. Le vice-président remporte donc la présidence de l’ANC avec 2 440 votes contre 2 261 pour sa rivale Nkosazana Dlamini-Zuma. Avec donc seulement 179 voix d’avance, Cyril Ramaphosa réalise là le rêve de toute une vie, lui qui était déjà pressenti pour succédé Nelson Mandela il y a 20 ans avant de se faire évincer.
Mais il arrive aujourd’hui à la tête de l’ANC dans un contexte bien différent de celui de l’époque. Le parti est aujourd’hui très divisé, abîmé, en perte de vitesse dans les urnes. Cyril Ramaphosa aura la lourde tâche de mettre l’organisation en ordre de marche pour aller aux élections de 2019. Il devra donc unifier et faire des gestes forts, contre la corruption notamment.
Une marge de manœuvre très réduite
La marge de manœuvre de Cyril Ramaphosa est extrêmement réduite parce que les délégués de l’ANC n’élisaient pas uniquement leur président, mais aussi les six hauts dirigeants du parti, y compris son vice-président ou encore son secrétaire général.
Parmi les six personnalités à avoir été élues, trois sont très proches du président Jacob Zuma. Cyril Ramaphosa va avoir énormément de mal à faire passer les réformes qu’il souhaite. Il risque d’être bloqué à chaque tournant par les fidèles du chef de l'Etat.
Cela pose d’ailleurs la question de l’avenir du président Zuma. Il y a 24h, on s’imaginait que Ramaphosa allait devoir s'en débarrasser pour réussir à nettoyer l’image de son parti avant les élections nationales de 2019. Aujourd’hui, cela semble être mission impossible : ce sont ces six hauts dirigeants de l’ANC qui peuvent prendre cette décision.
Si Cyril Ramaphosa a gagné l’élection, le réel vainqueur, c’est la faction de Jacob Zuma au sein du parti.
Un recomptage des votes en cours
Une réunion a lieu ce mardi 19 décembre à la tête de l’ANC concernant l’élection du secrétaire général, Ace Magashule, qui l'a remporté avec 24 voix d’avance alors que le vote de 70 délégués a été annulé. Pourquoi ont-ils été annulés ? Auraient-ils changé le résultat ? L’enjeu est d’autant plus important qu’Ace Magashule est un proche de Jacob Zuma et qu’il est également menacé par de nombreuses affaires de corruption.
Alors qu’il ne faisait pas partie des favoris, son élection est douteuse aux yeux de beaucoup. Selon un analyste politique interrogé par RFI, des voix aurait bien été achetées pour s’assurer que Magashule soit élu au poste de dirigeant de l’ANC afin de protéger Jacob Zuma de toute action en justice.