« Bonjour comment vous sentez-vous ? ». Jean-Pierre Lacroix déambule d’un lit à l’autre dans l’hôpital indien de la Monusco à Goma. Il s’enquiert des blessures de chacun et adresse des mots de gratitude et de de réconfort : « Je reviens tout juste de Tanzanie. J’ai assisté à une cérémonie organisée pour vous rendre hommage à vous et à vos camarades qui sont tombés. Et j’ai vraiment senti que tout le pays était à vos côtés. Merci pour ce que vous faîtes. Nous vous souhaitons le meilleur. »
La plupart des blessés ont reçu des balles. Les plus graves ont été évacués à Kampala ou bien à Kinshasa. Ceux qui sont ici promettent une fois sur pied de continuer à servir l’ONU : « Ils essaient de trouver du sens à ce qu’ils font et ce qui s’est passé. Certains ont perdu des camarades, des amis. Mais ce sont des militaires... Ils n’expriment pas trop leur douleur de la perte. Ils essaient de récupérer plus vite que ne le feraient des civils. Ils sont très stoïques, très braves », souligne le docteur Raghu, psychiatre dans l’hôpital.
Stoïques mais encore imprégnés du souvenir de l’attaque, comme le raconte ce rescapé : « Je vais mieux mais j’ai reçu deux balles dans l’épaule et dans la main. J’ai encore des douleurs. Lorsque nous avons été, nous avons riposté mais ils étaient plus forts que nous. Je ne sais pas qui ils étaient, mais ils étaient nombreux. Nombreux et plus forts que nous ». Selon le psychiatre, les blessés se remettent assez bien, même si certains ne trouvent pas le sommeil.