C’est l’histoire d’une vindicte populaire hors norme. Mercredi matin vers 9 heures, 600 habitants du village de Sahalona ont pris d’assaut la prison d’Ikongo, dans la province de Fianarantsoa, à l’est de l’île. Ces villageois ont parcouru 50 kilomètres depuis leur village. Munis de haches, de sagaies et de couteaux de boucher, ils voulaient sortir du pénitencier dix détenus incarcérés pour meurtre depuis le mois de mai et les exécuter eux-mêmes, pour venger les familles des victimes originaires du village.
Mais les détenus en question n’étaient plus dans la prison quand les villageois ont forcé la porte. Hasard du calendrier, ces prisonniers avaient été transférés la veille par les autorités dans une prison plus sûre, au sud de Madagascar. Les autorités savaient bien que ces incarcérations étaient contestées au sein de la communauté, mais ne s’attendaient pas à une telle déferlante. Les agents pénitentiaires, débordés, n’ont rien pu faire.
Pourparlers
Les autorités judiciaires locales ainsi qu'une délégation de villageois étaient en pourparlers ce jeudi soir afin de rétablir l'ordre public.
Les grands moyens ont été déployés. Plus d'une centaine de gendarmes quadrillaient les alentours du pénitencier d'Ikongo jusqu'à la Route Nationale 7, avec des contrôles d'identité, des barrages routiers et des battues.
Par peur des représailles, une attention particulière a été portée aux bâtiments judiciaires et administratifs : tribunaux et commissariat. Le procureur de la République, son substitut et le président du tribunal ont eux aussi été placés sous haute sécurité. Huit détenus sont revenus d’eux-mêmes au pénitencier ce jeudi midi, mais les autres sont toujours en cavale.