C'est un changement de perspective : contrairement à ce qu'on peut croire, l'agriculture n'est pas le seul levier à actionner pour éradiquer la faim, et chaque région n'a pas à produire ce qu'elle va consommer.
« Assurer la sécurité alimentaire, c’est permettre à chaque terroir de développer son potentiel qui lui permette de gagner des revenus avec lesquels le terroir peut se nourrir ; s’il n’a pas un potentiel agricole important, explique Nango Dembélé, ministre de l'Agriculture du Mali. L’agroforesterie, ou bien l’écotourisme, par exemple, c’est un meilleur usage des ressources des terroirs, plutôt que de les obliger à faire des céréales qu’ils pourraient importer d’autres zones. »
Pour cela, il faut des déplacements facilités, surtout en zone frontalière, et des infrastructures routières. Preuve que les questions alimentaires concernent tous les secteurs. « Je pose la question : comment moi, ministère des Finances, je peux décider si investir dans des filets sociaux, qui coûtent chers pour le budget, ou bien s’il faut mettre l’argent dans la construction d’une route qui permettrait de connecter une zone rurale », s’interroge Vito Cistulli de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.
Autre élément à prendre en compte : si on a longtemps opposé ville et campagne, aujourd'hui, une part de plus en plus importante de l'agriculture et de l'élevage se fait en zone urbaine.