→Les inquiétudes des réfugiés
Ce que le HCR met en avant, c'est le fait que 3,5 millions de Rwandais sont déjà rentrés dans leur pays. Un pays qui pour l'agence onusienne est suffisamment stable et en paix pour justifier cette clause de cessation.
C'est évidemment l'avis de Kigali qui balaie du revers de la main tous les rapports des organisations de défense des droits sur les cas à répétition d'allégations de détention arbitraire, d'assassinats, de disparitions forcées, y compris tout récemment l'enquête de Human Rights Watch faisant état de cas de torture pour des personnes rentrées du Congo voisin.
Mais dans les pays d'accueil, réfugiés et sociétés civiles locales tentent de se mobiliser pour faire entendre cette inquiétude. C'est notamment le cas au Congo-Brazzaville où la clause de cessation devrait s’appliquer au 31 décembre 2017 comme prévu. Plusieurs organisations de la société civile sont inquiètes. L’une d’elles, l’Adhuc, a même porté l'affaire devant la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples. Son président, Loamba Moke s’inquiète notamment pour tous ceux qui sont arrivés orphelins au Congo-Brazzaville il y a une vingtaine d'années. Avec deux préoccupations majeures. La première liée à la qualité de ces réfugiés : beaucoup disent avoir peur ou ont fui les massacres de l'armée rwandaise en RDC. Et la deuxième, sur l'après. Qui va garantir que ceux qui souhaiteront rester obtiendront des papiers dans les pays d'accueil ?
→Le HCR promet de ne pas abandonner les réfugiés
Pour le HCR, la réponse est simple : les pays d'accueil qui s'y sont engagés et l'agence onusienne promet de rester vigilante, et notamment d'obtenir le maintien de ce statut de réfugié au cas par cas pour ceux qui prouveront qu'ils risqueraient leur vie en rentrant dans leur pays. Ce sera aux pays d'accueil d'en décider. Mais le HCR dit avoir signé des accords avec ces pays qui devraient protéger les droits de ces réfugiés.
« Dans les accords, durant tout le processus ou l'élaboration de la stratégie entre le HCR et ces pays hôtes, il y a toujours eu des garanties pour ceux qui ont peur de rentrer au Rwanda, peur pour leur vie, assure Katerina Kitidi, l’une des porte-parole du HCR. Mais dans tous les cas, le rapatriement volontaire - et j'insiste sur le mot volontaire - n'est pas la seule option pour tous ces gens. Beaucoup d'Etats ont commencé à parler ou même ont pris des mesures pour permettre l'intégration locale de ses réfugiés dans leur pays. Et cela veut bien dire que tous ces réfugiés qui vivent dans ces pays d'accueil n'auront pas nécessairement à rentrer chez eux. Et le HCR ne soutient le rapatriement que quand il se fait sur la base d'un choix libre et informé et quand on a l'assurance que ces personnes seront sûres d'être en sécurité dans leur pays ou de pouvoir conserver leur dignité. Et dans le cas de ces réfugiés rwandais, on essaie de les aider à faire le meilleur choix. »
Pour l'ancien ambassadeur, Jean-Marie Vianney Ndagijimana, activiste de la société civile en exil, le HCR n'a jamais protégé la communauté rwandaise réfugiée. L'agence onusienne et le gouvernement rwandais ne devraient prendre ce genre de décision sans consulter les réfugiés.
La RDC, le plus gros pays d'accueil avec 250 000 réfugiés rwandais, a décidé de repousser cette date limite. La commission nationale des réfugiés attend de pouvoir réaliser un enregistrement biométrique.