Jusque-là, une personne accusée de blasphème avait trois jours pour se repentir, être rétablie dans ses droits et pouvoir espérer échapper à une condamnation. Mais cette mesure relèvera bientôt du passé, le conseil des ministres a décidé de serrer la vis. Celui qui sera reconnu coupable de blasphème n'échappera plus à la peine capitale, même en cas de repentir.
Une mesure qui fait écho aux demandes d'une frange radicale de la rue mauritanienne qui réclame la peine de mort pour le blogueur Mohamed Mkhaitir voire même son exécution. Et c'est ce qui gêne plusieurs avocats qui dénoncent une loi personnalisée, alors que la loi est par nature impersonnelle et n'est pas censée refléter l'état de l'opinion publique.
Légiférer en fonction de cette opinion c'est aussi courir le risque qu'elle exige autre chose demain, relève un défenseur des droits de l'homme mauritanien. L'avocate de Mohamed Mkhaitir craint que les plus radicaux qui descendent dans la rue pour demander la condamnation à mort de son client réclament demande la fin du moratoire sur l'exécution des peines de mort.
Pourquoi le pouvoir a-t-il cédé face à une partie de l'opinion outrée ? C'est aujourd'hui la question qui se pose. Espère-t-il de la sorte faire taire la contestation ?